14 avril 1778
Mon cher ami, mon oncle vient d'acheter une maison à vie sur sa téte et sur la mienne dans la rue de Richelieu.
Elle n'est pas achevée mais c'est une affaire de deux mois pour la mettre en état. Nous comptons rester chez Mr De Villette jusqu'à ce que nous puissions l'habiter pendant qu'on y travaille. Mon oncle compte faire un voiage à Ferney. Il n'est pas décidé que je l'y accompagne. Je voudrais avoir tous mes papiers. J'écris à la Pérachon, ma femme de chambre, de les prendre dans mon secrétaire, de les mettre dans un carton, de vous prier de me rendre ceux que vous avez à moi. Il y a beaucoup de livres, manuscrits, et trois ou quatre cartons. Je vous prie en grâce de lui faire mettre tout cela dans une petite mâlle, de faire écrire sur tout les cartons papiers d'affaires, de remplir le reste de la place de la mâlle de hardes et de m'envoier le tout par Borel. A l'égard des Livres, je les laisse jusqu'à présent. Lorsque Vagniere ira avec mon oncle il m'en fera une petite caisse qui viendra avec une partie de livres de mon oncle.
Vous ne doutez pas que je n'aie Beaucoup de regret à vous quitter, cependant j'espère que ce n'est pas pour toujours et que nous ferons de tems en temps des voiages à Ferney.
Mon oncle a été reçu dans ce pays cy d'une façon si étonnante, si satisfaisante, si incroiable qu'il ne lui est pas possible d'abandonner une partie qui Lui donne des témoignages de la plus grande et de la plus tendre estime. Cela va jusqu'à la vénération. Tous les états se sont réunis pour l'accabler de gloire. Enfin, Monsieur, mon oncle aime les Welches et il serait ingrat s'il pensait autrement. Cependant j'aime mes amis de Ferney, j'espère qu'ils ne m'oublieront pas, que je les reverrai de tems en tems et surtout vous et vos dames pour qui j'ai la plus tendre et la plus constante amitié.
Aiez bien soin de mon oncle en cas que je ne retourne pas avec lui. C'est une obligation de plus que je vous aurai et ne doutez pas des tendres sentimens avec lesquels j'aurai l'honneur d'être toute ma vie votre très humble et très obéissante servante
Denis
Je compte que nous allons obtenir le privilège [pou]r les montres.