1753-06-11, de Marie Louise Denis à George Keith, 10th Earl Marischal.

J'ai à peine la force de vous écrire Milord: j'arrive icy très malade, et j'y trouve Mon Oncle Mourant et en prison dans un oberge abominable.
Il est affligé de la Collère d'un prince qu'il a adoré et qu'il voudrait aimer encor; mais son inocence lui donne un courage dont je suis étonnée moi même au milieu de tous les maux qui l'environent. Il est très vrai qu'il n'a point le contrac dont il est question, il est très vrai qu'il a cru me l'avoir envoié et que peut être il me l'a envoié en effet; il se peut faire qu'il se soit perdu dans une lettre qui ne me sera point parvenue comme bien d'autres; peut être aussi sera t'il dans cette caisse qui est en chemein pour revenir, ou dans ses papiers à Paris. Pour obvier à tous ses inconvénians n'aiant pas la force d'écrire il vient de dicter à un homme sûr, un écrit qui non seulement le justifie, mais annule à jamais ce Contract, et qui doit assurément désarmer sa magesté. Je crois Milord que vous serés contant d'autand que si jamais ce contrac se retrouve Notre premier soin sera de le rendre, malgré l'écrit que nous vous envoions. Je suis si malade, et Mon Oncle me donne pour sa vie des inquiétudes si réelles, qu'il ne me reste que la force de vous demander pour lui et pour moi votre amitié. Ne doutez jamais des sentimens de reconnoissance et d'attachement avec les quels j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servante

Mignot Denis