1778-03-30, de Louis Laurent Gaultier à Voltaire [François Marie Arouet].

Plusieurs de ceux qui ont par eux-mêmes l'honneur de sçavoir de vos nouvelles, Monsieur, me disent que vous jouissez d'une meilleure santé; personne n'y prend plus de part que moi, je désire même qu'elle soit parfaite.
Je ne vous oublie pas dans mes prières; si elles sont efficaces, vous en ressentirez bientôt les heureux effets. Je me suis présenté plusieurs fois à l'hôtel que vous habitez pour vous féliciter sur votre convalescence; on m'a dit chaque fois qu'il n'y avoit pas moyen de vous parler et qu'il n'y avoit plus rien à faire. Je ne sçais ce que cela signifie, surtout après ce que vous m'avez fait l'honneur de me marquer, que quand vous auriez recouvré un peu de santé, vous vous feriez un plaisir de me recevoir. Je ne me présenterai plus à l'hôtel que vous habitez; car il me paroît qu'il est inutile que je frappe à cette porte-là; mais je frapperai à la porte de votre cœur, je suis sûr d'y avoir entrée, à raison du désir sincère que j'ai de vous voir véritablement heureux, et je vous avouerai franchement que je serois au comble de mes vœux si je pouvois vous procurer le vrai bonheur. J'ai l'honneur d'être, etc.