1778-03-13, de Louis Laurent Gaultier à Voltaire [François Marie Arouet].

Je désire, Monsieur, sçavoir des nouvelles de votre santé, je me suis présenté plusieurs fois à votre hôtel et toujours inutilement.
Tout ce qu'on m'a dit, c'est que vous n'étiez pas visible; pourvu que votre santé soit parfaite, je suis content, mais je ne vous dissimulerai pas que je serois au comble de la joie, si je le voyois par moi-même, je ne pourrois plus en douter alors. Je ne vous oublie pas et je ne vous oublierai jamais au Saint-Sacrifice de la Messe; que le Dieu de bonté vous accorde de longs et d'heureux jours; soyez convaincu, Monsieur, que je fais au Ciel des vœux pour votre vrai bonheur. Vous ne devez pas douter de mes sentimens envers vous, ils ne peuvent être ni plus vifs ni plus sincères. Si vous me permettez de vous rendre visite, je prendrai la liberté de vous dire de vive voix ce que je n'ose marquer dans une lettre plus dictée par le cœur que par l'esprit. Ah! Monsieur, si vous ne voulez pas m'honorer d'un mot de réponse, faites-moi au moins dire par quelqu'un que vous ne serez pas fâché de me voir, et vous pouvez compter que j'aurai aussitôt l'honneur et l'avantage d'aller vous rendre mes devoirs; fasse le Ciel que j'aie l'avantage de vous voir jouir d'une santé qui m'est si précieuse, et à laquelle tant de personnes prennent part. La grâce que je vous demande est de croire celui qui est avec un profond respect, etc.