à Ferney 2e février 1778
Ce n'est point aujourd'hui mon oncle qui vous écrit, Monsieur, c'est moi que prends sa place, et qui vous suis attachée autant qu'il vous aime.
Nous sommes tous surpris icy des Lettres de Monsieur De Thibouville et de celles de Le Kain. Mais plus surpris encor et plus affligés de n'en point recevoir de vous. Mon oncle est très malade d'avoir fait un travail forcé à son âge. Mais j'espère que la satisfaction qu'il ressent d'avoir enfin rempli toutes vos vues, et le plaisir extrême que nous avons eu de voir un ouvrage tout différent du premier, et qui vous étonnera sans doute, contribueront au retour de sa santé.
J'écrivis hier à Le Kain que j'irais faire un tour à Paris à la micarême. Je vous écris aujourd'hui que je pars demain avec Mr et Made De Villette. Je ne serai à Paris que deux jours. Je vous aporte l'ouvrage. Ne prenez, je vous en prie, aucun parti avant ce temps là.
C'est une grande consolation pour moi de vous revoir, ne fut-ce qu'un quart d'heure.
Cecy est une affaire très sérieuse pour nous dans la situation où mon oncle se trouve. Il serait affreux qu'on précipitât la moindre chose.
Je compte vous parler dès que je serai arrivée.
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus vifs et les plus vrais, Monsieur, vôtre très humble et très obéissante servante
Denis
Soiez persuadé Monsieur que ce serait sacrifier mon oncle que de donner la pièce telle que vous l'avez, qu'elle est actuelement mille fois meilleure. Soiez tranquile, vous en jugerez dans huit jours au plus tard.
Denis