1778-01-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Baptiste Antoine Suard.

J'apprends, Monsieur, que des amis trop indulgents pour moi, vous ont pris pour juge d'une esquisse qui ne peut être finie que dans deux ou trois mois.
J'apprends que vous avez eu la même indulgence en me donnant cependant le temps nécessaire pour achever cette ébauche dont vous connaissez tous les défauts. Vous avez trop de goût pour n'en avoir pas été frappé, et trop de bonté, pour me refuser vos instructions dans cette affaire délicate, que je n'aurais pas dû entreprendre à mon âge; et qui m'est très importante dans les circonstances où je me trouve. Elle pourait me procurer le bonheur de vous voir à Paris, si ma vieillesse me laissait encor la force de profiter de vos instructions, et de celles de vos amis.

Agréez, Monsieur, la reconnaissance de Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Le vieux malade de Ferney V.