1766-01-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Giuseppe Colpani.

Monsieur,

Je ne puis vous exprimer ni le plaisir que m'ont fait vos beaux vers, ni la reconnaissance que je vous dois.
Je ne puis avoir l'honneur de vous répondre dans cette belle langue italienne à laquelle vous prêtez de nouveaux charmes. L'état où je suis me permet à peine de dicter dans la mienne. La vieillesse et les maladies qui m'accablent m'empèchent de vous témoigner de ma main ma sensibilité, mais ne la diminuent pas. Je ne suis pas juge de vôtre mérite, mais je me flatte de le sentir. Les grâces sont de tous les païs, celles de vôtre stile ne m'échapent pas. Vous avez ce que Petrone aime tant dans Horace, curiosam felicitatem.

Agréez les sentiments bien véritables de la respectueuse reconnaissance avec lesquels j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire gentilhome de la chambre du Roy