1754-12-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude François Passerat de La Chapelle.

Je ne sais, monsieur, qui me fait le plus de plaisir de votre livre ou de votre lettre.
L'ouvrage que vous me faites l'honneur de m'envoyer m'instruit et me remplit d'estime pour vous; et tout ce que vous voulez bien me dire dans votre lettre, m'inspire de la reconnaissance et de l'amitié. Il sera assez difficile que je prenne cet hiver les eaux de, comme je me le proposais. Il est vrai que le besoin que j'en ai a augmenté, mais mes forces ont diminué, et je ne suis pas en état d'entreprendre actuellement ce voyage. Il faudra probablement que je passe l'hiver à Prangin, au coin du feu, avec de la patience et du régime, seuls spécifiques que les hommes puissent opposer aux maux que leur fait la nature. Je me flatte de pouvoir à mon retour vous témoigner ma reconnaissance. Permettez moi de ne point oublier ici madame votre femme et monsieur votre fils. Comptez, monsieur, que c'est avec les sentiments les plus véritables que j'ai l'honneur d'être votre très humble et très &c.

Voltaire gentilhomme ordinaire de la chambre du roi