au château de Ferney par Genêve 19e 7bre 1766
Monsieur,
Je n'ai pu répondre plutôt à la confiance dont vous m'honorez.
Ma vieillesse, mes maladies, et des fluxions sur les yeux qui m'ont rendu longtemps prèsque aveugle, m'ont empêché de remplir ce devoir. Je ne suis plus en état de travailler, et je pense d'ailleurs que l'auteur d'un ouvrage est toujours seul capable d'y mettre la dernière main. Plus vous entrerez dans les détails de l'histoire de vôtre païs, et plus vous l'instruirez. La distribution des chapîtres, et l'ordre des évênements, la sagesse et la vérité qui règnent dans vôtre écrit vous feront beaucoup d'honneur. Vous éclaircirez les faits, vous les rendrez intéressants, vous attendrez que la médiation de Genêve soit conclue pour en parler, et alors, si je puis disposer de mon temps, je me ferai un vrai plaisir de vous dire la vérité sur le langage et sur le stile, puis que vous l'éxigez de moi.
J'ai l'honneur d'être
Monsieur
Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire gentilhome ord. de la chambre du Roy