au château de Ferney 5e 7bre 1777
Je mérite, Monsieur, d'être oublié de vous, aiant perdu tant d'années sans avoir eu l'honneur de vous voir et de vous écrire; mais vous pardonnerez à un homme qui n'a pas eu un moment de santé.
Je suis prêt de terminer ma douloureuse carrière, et d'aller retrouver mon ancien ami et le vôtre Monsieur De La Marche.
Il faut avant que je meure, implorer vôtre assistances dans les misérables affaires de ce monde. Mr Deflorian, ancien officier de Cavalerie, qui avait épousé une de mes nièces en premières noces, a un procez à Dijon. Ma nièce, Made Denis, en a un autre assez considérable. Monsieur Votre fils est leur juge. Je ne vous en dis pas davantage, et je ne peux vous demander que ce que l'éxacte justice peut vous engager à faire.
Je vous souhaitte, Monsieur, une santé meilleure que la mienne, et une vie plus longue. Je serai jusqu'au dernier moment de la mienne avec tous les sentiments que je vous dois, et qui sont dans mon cœur, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire