2e 9bre 1777, à Ferney
Il ne faut pas, Monseigneur Le Prince, se confier à demi à un homme de votre rang et de vôtre caractère.
Les partis mitoiens sont mauvais en tout genre. Je ne vous avais pas nommé l'homme qui se propose, parce que ma commission ne s'étendait pas jusques là. Mais mon cœur prend à présent la liberté de se répandre tout entier dans le vôtre.
Cet homme qui veut faire la fortune et le bonheur de Mademoiselle De Varicourt est Monsieur De Vilette. Oui, Monsieur De Vilette qui…. Il est chez moi depuis un mois. C'est une belle conversion; et c'est de vos mains respectables que nous avons voulu tenir son absolution. Il tenait à des égards que j'appelle des vanités. Il me semble que quand on est possesseur de quarante mille écus de rente, et d'un mobilier immense; quand on veut se retirer du fracas très dangereux du monde entre les bras d'une femme respectable par ses mœurs, par sa prudence prématurée, et charmante par sa figure, on ne doit pas faire dépendre un tel établissement d'un grade de plus ou de moins; c'est bien assez que Monsieur De Varicourt ait l'honneur de servir le Roi sous vos ordres, et qu'il ait vôtre protection. Il est officier du Roi aiant rang de Lieutenant Colonel, et commandant les maréchaux des Logis de la maison du Roi, et tous les capitaines de cavalerie quels qu'ils soient. Si vous pouvez nous permettre de mettre dans le contract de mariage, le tître de sous Lieutenant de vôtre compagnie, ce sera un agrément de plus, une obligation que nous vous aurons tous; mais nous ne devons insister sur rien qui puisse vous gêner. Nous nous en raportons à Madame La Princesse De Beauvau dont nous implorons la médiation dans cette affaire qui est prête à se consommer.
Mr De Vilette vient de donner sa parole d'honneur à Madame Denis et à moi, de conclure ce mariage.
J'ai une autre grâce à vous demander, Monseigneur le Prince, c'est de me donner plein pouvoir de signer en vôtre nom et au nom de Madame la Princesse le contract de mariage de Monsieur le Marquis De Vilette et de Mademoiselle de Varicourt.
Je meurs content si je puis avoir contribué au bonheur de deux personnes, dont l'un est plein d'esprit et d'agréments, et un des plus agréables hommes du monde dans la société, n'aiant jamais eu à se reprocher que des faiblesses pardonnables, et dont l'autre est l'innocence elle même, la vertu, la prudence et la bonté fondues ensemble.
Je vous suplie tout deux, Monseigneur le Prince, et Madame la Princesse de me regarder comme vôtre créature. Je vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie, avec le plus profond et le plus tendre respect.
Volt…