à Ferney 1er 9bre 1773
L’octogénaire de Ferney est très affligé de n’avoir pu se ranimer au feu de Monsieur de Champfort.
Il m’a envoié de Strasbourg la Lettre de Monsieur De Chabanon, et je le crois à présent à Paris. Je prie l’intime ami de Pindare et de Champfort de leur dire que je suis bien leur serviteur à tout deux, mais je suis sûr que le dernier qui fait les vers les plus naturels, n’imitera jamais le galimatias du premier.
Je crois qu’il a enfin retrouvé de la santé. Je lui souhaitte bien sincèrement les autres ingrédients qui entrent dans la composition du bonheur. Si ce bonheur dépendait des talents, il deviendrait un des plus heureux hommes du monde. Je lui ai écrit par vôtre ami Monsieur De La Borde, qui sans doute voudra bien lui faire parvenir ma Lettre.
Réjouïssez vous, mon cher ami, soit à la ville soit à la campagne. Remplissez vôtre agréable carrière dans le temps que je finis la mienne. Jouïssez de la vie, moi je la tolère. Je m’anéantis, mais ce n’est pas tout doucement, c’est avec des souffrances continuelles. Il faut même qu’elles soient bien fortes, puisque je vous écris une si courte lettre.
Made Denis est très sensible à vôtre souvenir. Nous n’avons plus elle et moi que des souvenirs.
V.