7e juillet 1773
Je reçois vôtre Lettre du 30 juin, mon cher élève de Pindare et de Théocrite.
Vous allez donc être des fêtes de Versailles au mois de novembre? Vous allez prodiguer tout l’esprit et toute l’harmonie de la Grece, la gloire et les plaisirs vont vous suivre. Monsieur vôtre frère de son côte va donner son Horace. Il faut avouer que vous rassemblez chez vous bien bonne compagnie.
Je suis bien flatté du souvenir de Mr De Chamilly. Je supose qu’en envoiant à Monsieur D’Ogny vos neuf Louis, vous étiez sûr qu’il voudrait bien avoir la bonté de s’en charger, et qu’il en était convenu avec Mr De Chamilly, sans quoi je craindrais qu’il ne fût un peu étonné de cette commission. Il est le seul protecteur de nôtre Colonie, et sans lui elle aurait été perdue.
Nous sommes en faute, Made Denis et moi. Nous ne nous souvenions point du tout des deux petites statues, nous en demandons bien pardon à Monsieur De Chamilly. Je suis excusable d’avoir perdu dans ma vieillesse décrépite, la mémoire avec la santé, mais Made Denis qui est grasse comme une abbesse et qui se porte bien, est inexcusable. Nous allons réparer nôtre tort dans l’instant. Nous écrivons au sculpteur de village, qu’il fasse deux statues excellentes, et qu’il les fasse vite. Il en fait une en six semaines. Je ne sais s’il en a de commande, mais nous lui demandons la préférence pour Mr De Chamilly.
Nous avons à Ferney vôtre ami Mr De La Borde et Mr son frère qui s’en vont en Italie, et qui reviendront pour le mariage de Mgr le Comte D’Artois, et pour vôtre opera. Pour moi qui ai renoncé au plaisir je ne vous aplaudirai que de loin, mais je n’en serai pas moins sensible à tous les succès de vôtre famille.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse très tendrement.