1772-08-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Anne Madeleine Louise de La Tour Du Pin, baronne d'Argental.

Je vous avais bien dit, Madame, que pour vous plaire je vous écrirais dès que j’aurais des grâces à vous demander.
Il ne s’agit icy ni de controlleur général, ni d’Intendant des finances, ce sont des choses bien plus sérieuses, c’est un opera comique. Un jeune homme m’est venu aporter cette esquisse. Je l’ai trouvée très favorable à la musique, et à des sortes de musique de toute espèce. Made Denis dit qu’il faut suivre de point en point toutes les directions de l’auteur. Il avait promis cet ouvrage à un autre musicien que Mr de Montsivry, mais nous avons jugé qu’il fallait lui donner la préférence sur tous les autres, non-seulement parce qu’il est votre protégé, mais parce qu’il mérite de l’être.

Si Montcivry est occupé ailleurs aiez la bonté de nous renvoier le manuscrit contresigné soit par le grand aumônier, soit par qui il vous plaira.

Pardonnez à un pauvre homme qui n’a pas un moment à lui, s’il ne vous dit plus aulong, Madame, combien il vous adore et vous respecte.

V.

Made Denis et moi nous vous demandons le plus profond secret.