6 9bre 1773, à Ferney
Le malade octogénaire qui attend doucement sa fin à Ferney, s’est senti un peu renaître en recevant une lettre de monsieur le comte de la Touraille.
Il se préparait à recevoir monsieur le comte de Coëtloury, il serait sorti pour lui de son lit, il aurait peut-être même mis un habit, quoiqu’il n’ait fait cette cérémonie depuis longtemps. Il aurait demandé à monsieur de Coëtloury toute son indulgence. Madame Denis et la descendante du grand Corneille lui auraient fait mieux que moi les honneurs de ma chaumière; mais il n’est point venu. Si je suis mort quand il arrivera, il passera outre, si je suis en vie, je serai très flatté de voir un ami de monsieur de la Touraille.
Vous êtes actuellement, monsieur, au milieu des fêtes; mais votre fête de tous les jours est d’être auprès d’un prince si digne d’un si grand nom. Pour moi, je n’ai vu dans mon ermitage que des princes allemands ou russes; mais à présent je suis dans la plus profonde retraite. C’est ce qui convient à mon âge et à mes souffrances.
Jouissez de la vie, monsieur, tant que vous pourrez; pour moi, je la tolère, mais elle me devient très agréable, quand vous voulez bien vous souvenir de moi.
V.