1777-02-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé.

Monseigneur,

L'autre Grand Condé n'auroit peut-être jamais daigné entrer avec tant de bonté dans les intérêts de ses Vassaux.
Je me mets avec eux aux pieds de Votre Altesse Sérénissime. La lettre dont Elle m'honnore, et la réponse de M. Le Contrôleur Général, suffiront pour faire fleurir la Colonie. Elle étoit bien digne d'être protégée par vos bontés, car elle a été fondée à coups de fusil. Ce fut d'abord en 1770 qu'une partie des habitans de Genève chassé par l'autre dans un combat sanglant, vint se réfugier dans votre Province. Il suffira qu'on sache qu'elle a trouvé en vous un protecteur, pour qu'elle soit ménagée par tous les préposés aux Recettes du Roi.

Je suis avec le plus profond respect et la plus juste reconnoissance Monseigneur

De V. A. S.

Le très humble et très obéissant Serviteur.