1776-02-07, de Jean Pierre Louis de La Roche Du Maine, marquis de Luchet à Frederick II, landgrave of Hesse-Cassel.

Monseigneur,

J'aurois éxécuté sur le champ les ordres de votre Altesse sérénissime, s'ils m'avoient trouvé En bonne santé.
Il n'y a que ma reconnoissance qui Egale mon Emprèssement à aller mériter une faveur que je ne dois qu'aux bontés de madame Gallatin et au suffrage de monsieur de Voltaire. Vous ignorés, Monseigneur, toute l'Etendüe de la grâce que vous daignés m'accorder. Non seulement je vais partager le bonheur dont vous faites joüir ce qui vous Environne, mais je remplis tous les voeux que j'ai formés. J'ai désiré ardemment Employer mes jours et quelques foibles talens auprès d'un prince dont le suffrage fût fait pour les encourager, et les récompenser tout à la fois, d'un Prince qui joignit à la volonté de rendre heureux les hommes, le don plus rare d'apprécier leurs éfforts pour justifier sa bonté. Mes souhaits sont Entièrement surpassés, aussi Monseigneur, c'est La permission de me Consacrer uniquement à votre service que je vais solliciter. Je n'ose dire que ma Capacité vous suffira, mais j'ose me flatter que mon zèle m'obtiendra votre indulgence. Monsieur de Voltaire mèle toujours à vos loüanges les rares qualités qui vous valent l'amour et les respects de votre Cour. Parmi ces qualités la Bienfaisance et le goût tiennent la première place. Si Celui ci m'Effraye l'autre me rassure. Le jour que ma santé le permettra, j'Irai, Monseigneur demander vos ordres.

Je suis avec un très profond Respect,

Monseigneur,

de Votre Altesse Sérénissime,

le très humble et très obéisstant servieur

Luchet