1773-10-16, de Conseil de régence de Montbéliard à Charles Eugene von Württemberg, duke of Württemberg.

S. D. T. G. P. E. A. S.,

Par notre très humble rélation du 13 février de l’année courante nous eûmes l’honneur d’informer V. A. S. du succez de nos démarches rélativement à l’emprunt de 140 à 150 mille livres au quel elle nous avait autorisés par un décret du 19 7bre de l’année dernière, pour nous mettre en état de satisfaire successivement aux besoins pressants de la recette de ce pays.

Mr de Voltaire n’ayant pu nous avancer qu’une somme de 80/m. Livres remboursable dans deux ans et par quartier, nous n’avons rien négligé Mgr pour completter cet emprunt conformément aux intentions de V. A. S.; mais toutes nos tentatives ont été infructueuses à cet égard.

On nous avait à la vérité fait espérer une somme de 40/m. qu’un officier de Geneve devait avoir à placer vers la fin du mois dernier.

Mais les conditions que l’on nous proposa d’abord n’ayant pas été de nature à être acceptées, nous lui fîmes conaître que nous avions tout lieu de croire que V. A. S. n’y souscrirait pas et après avoir inutilement cherché à les adoucir nous venons d’aprendre qu’il avait autrement disposé de ses deniers.

Cela étant, sérénissime Duc, nous désespérons de pouvoir remplir les vues de V. A. S. rélativement à l’autre partie de l’emprunt qu’elle nous avait chargé de faire, ne sachant plus à qui nous addresser pour cela. De façon que la caisse de ce pays rentrant de nouveau dans le même embarras, il est à craindre mgr que quelques unes de ses charges ne restent en arrière, par la nécessité qui lui incombe entr’autres de rembourser déjà dez à présent dix mille livres par quartier pour l’extinction des quattre vingt mille qui sont dues à mr de Voltaire à moins que nous ne puissions l’engager à prolonger le terme au cas que V. A. S. veuille bien nous autoriser à lui en faire la proposition.

C’est ce dont nous avons cru devoir informer V. A. S. dans les sentiments du plus profond respect avec les quels nous somes.