26 9b 1776
M.,
Il est très certain que m. de Voltaire a envoyé à Berne m. de Crassier pour faire subroger les états du pays de Gex au s.
Roze dans le traité des 6000 quintaux du sel dont nous sollicitons la révocation; m. de Crassier est de retour; rien ne transpire du succès de son voyage, mais il y a quelque menée secrète. M. Castin fut mandé hier au château de Fernex, où il s'est rendu tout de suite par un très mauvais temps, et quoique encore malade d'une fluxion à la tête. M. de Crassier est aussi allé chez m. de Verny et chez m. de Menthon. Il est fort à craindre qu'en croyant faire le bien du pays, m. de Voltaire ne lui fasse beaucoup de mal. Déjà le bruit se renouvelle qu'il n'y aura point d'imposition; que la province payera son abonnement, les intérêts de ses emprunts, et les dépenses des ponts et chaussées sans qu'il en coûte rien à personne. Mrs les syndics se sont séparés, chacun est retourné chez soi; toutes nos opérations chôment; on ne se détermine à rien pour l'imposition des fonds compris dans les rôles des vingtièmes; tout cela n'est propre qu'à soulever le peuple et à faire égorger les syndics du pays, quand les rôles paraîtront et seront mis en recouvrement.
Je suis, &a.