1776-11-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

M.,

M. de Menthon et m. le syndic du clergé m'ont fait l'honneur de venir hier chez moi; ils m'ont instruit de l'embarras où se trouve la province, tant pour trouver à point nommé les 30000lt pour la ferme générale, qu'au sujet des taxes qui alarment tout le public.

Les 15000lt que j'ai offert de prêter à la province, sont un bien faible secours. On m'a dit que nous pourrions trouver dans la générosité de nos voisins mrs de Berne de plus grandes ressources, et qu'ils étaient prêts à nous concéder du sel au moyen duquel la province pourrait être très soulagée. Je hasarderai tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous servir. Je veux bien du mal à mes 83 ans et à ma détestable santé qui m'empêchent de venir sur le champ demander vos intentions et vos conseils. On cherche actuellement 40000lt qu'on pourrait, dit on, faire prêter pour le 1er janvier, mais il faudrait être sûr du sel de Berne dont on nous flatte; il faudrait ensuite assembler m.m. les syndics et transiger avec eux.

Voudriez vous, m., avoir la bonté de m'écrire ce que vous pensez? Ce serait m'apprendre ce que je dois faire.

J'ai l'honneur d'être &a.