Paris, 6 juillet [1776]
M. de Vaines m'avait fait tenir, m., à la Roche-Guyon où j'étais allé passer quelque temps avec mme la duchesse d'Enville, la lettre que vous lui âviez adressée pour moi.
On ne peut être plus touché que je le suis de toutes les marques d'amitié que vous me donnez depuis ma retraite. Si je puis un jour aller vous en remercier à Ferney, ce sera un emploi fort doux du loisir qu'elle me laisse, et c'est une espérance à laquelle je serais bien fâché de renoncer.
J'ai trouvé en arrivant à Paris un nouveau sujet de remerciement. M. Trudaine m'a remis l'epître charmante que vous lui avez envoyée pour moi. Je suis fort loin d'ignorer le prix de la gloire, et il faudrait y être plus qu'insensible pour n'être pas infiniment flatté d'un pareil éloge venant d'un homme qui en a tant mérité.
Je vois quelquefois les amis dont vous me parlez dans votre lettre. L'un d'eux vient d'éprouver un malheur plus sensible que ne peut l'être la perte d'aucune place, et j'ai vivement partagé sa peine.
Quant aux affaires du pays que vous habitez, je ne suis plus à portée d'être utile à ses habitants; mais m. Trudaine et m. de Fourqueux suivront l'exécution de ce qui avait été arrangé. L'un et l'autre ont les mêmes principes que moi et n'ont pas moins de zèle pour le bien.
M. de Clugny est homme d'esprit et je serais surpris qu'il ne soutint pas ce que j'ai pu faire d'utile à moins qu'on ne le gênât dans son administration. J'avoue que si cela arrivait, j'en serais fort affligé. Les lettres qui me sont adressées directement me parviennent sans difficulté sauf le petit inconvénient d'être ouvertes à la poste. Je ne sais si, en les faisant passer par m. de Vaines ou m. Fargès on est bien sûr de tromper la curiosité de mm. les gens de lettres.
Recevez m. l'assurance de tout mon attachement. Mme la duchesse d'Enville vous fait mille compliments. Permettez-moi de me rappeler au souvenir de mme Denis.