1776-07-09, de Charles Frédéric Gabriel Christin à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

La bienveuillance dont vous m'honorés m'engage à vous présenter cette suplique: il s'agit pour moi d'acquérir un revenu de cent écus, et une lettre de votre part à m. de Fourqueux, ou à m. de Trudaine peut me le procurer.
Voici le fait. La place de président de la jurisdiction des traites et gabelles de st Claude vient de vacquer par la mort du sr Pointelin qui L'exerçait. Cette place est à la nomination de L'intendant des finances qui a le département des traites. L'année dernière il était dèjà question de me nommer. M. L'intendant avait eu la bonté de me proposer à m. de Trudaine comme le plus propre des avocats de st Claude à remplir honnètement cette place que Pointelin exerçait très malhonnêtement. Mais les intrigues des Chanoines me La firent manquer. Ils me désservirent probablement auprès de m. de Trudaine. Ils protègent aujourd'hui un mauvais sujet pour remplacer Pointelin. Mais je crois, Monsieur, que votre recommandation me servirait plus que leur haine ne peut me nuire. J'ose donc vous suplier d'écrire en ma faveur à m. de Fourqueux, et comme il faut qu'il sache mon nom de Baptême et mon âge, je m'apelle Charles Frédéric Gabriel. Je suis âgé de 35 ans. Je vous demande, Monsieur, mille pardons. Vos bontés me rendent peut être indiscret. Mais je sai que vous ne vous lassé pas de faire du bien.

Mon ami Boncerf me fait espérer que la Requête de nos serfs sera admise au conseil avant le mois d'octobre. Il a conservé sous m. de Clugni L'une des places de premier commis qu'il avait sous M. Turgot.

Mes respects, je vous suplie, à mad. Denis et à m. son frère.

J'ai l'honneur d'être avec La plus respectueuse et la plus vive reconnoissance

Monsieur

Votre très humble et très obeissant Serviteur

Christin fils