1772-02-20, de Emmanuel Armand de Vignerod Du Plessis de Richelieu, duc d'Aiguillon à Voltaire [François Marie Arouet].

J’applaudiray toujours avec grand plaisir, Monsieur, au zèle patriotique qui vous anime, et au soin généreux que vous prenés des intérêts et du bonheur des Citoyens qui sont autour de vous; C’est dans ces principes que je me suis conduit jusqu’icy, et je ne cesseray de m’occuper de tout ce qui pourra contribuer à l’avantage des sujets du Roy tant anciens que nouveaux, dans la partie d’administration que Sa M m’a confiée.
Mais n’ayant aucune influence sur celle des postes, j’ay le malheur de ne pouvoir être utile aux habitans du pays de Gex, sur l’objet qui les intéresse actuellement, et je suis borné à joindre mes vœux aux vôtres pour le succès de l’établissement que vous proposés en leur faveur. La résolution que le Roy a prise de continuer Le Port de Versoix, doit leur donner des espérances à ce sujet, et Je ne doute pas que M. Le Duc de La Vrilliere, à qui il est nécéssaire qu’ils s’adressent, ne fasse tout ce qui dépendra de luy pour applanir les difficultés qui s’opposeroient à l’extension de leur commerce, et le dégager des entraves qui pourroient en gesner la liberté.

Je suis charmé que cette circonstance me procure la satisfaction de vous renouveller l’assurance des sentimens avec lesquels Je suis très parfaitement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur.

Le Duc D’Aiguillon