1776-12-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

Le vieux malade de Ferney se proposait bien de vous prévenir, et de vous renouveller en 1777 les sentiments qu'il a toujours eu pour vous depuis qu'il a choisi ce petit coin de terre pour sa patrie.
Vous lui avez toujours rendu cette patrie chère, vous en êtes le soutien. Toutes vos occupations sont utiles au public, et les miennes n'ont été pendant soixante ans que de vains travaux d'un homme de Lettres. Je me suis mis enfin à bâtir des maisons, afin de faire quelque chose de solide. Mais les principaux fondements de ma colonie sont vos conseils et vos bontés. Quoique la crainte des impôts m'ait ôté quelques habitans, il m'en revient d'autres plus utiles et plus considérables. C'est à vôtre sage administration principalement que je les dois. Je dois commencer cette année par des remerciements.

Recevez avec vôtre bienveillance ordinaire les assurances de la respectueuse amitié avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire