1778-01-24, de Jean de Vaines à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ai remis sur le champ, Monsieur, le paquet à m.
D'Argental, et je me hâte de Vous marquer que Conservant encore cette année la franchise et le contreseing Vous pouvez m'adresser directement tout ce que Vous Voudrez à l'exception seulement de plusieurs exemplaires du même ouvrage qu'il ne faudroit pas mettre dans le même envoy mais les faire Passer successivement Par plusieurs Couriers.

Pourquoi ne viendriez vous Pas à Paris lorsque le temps sera moins rigoureux? Vos amis le désirent vivement et je crois qu'ils applaniroient les dificultés s'il étoit possible que la bêtise et la malignité en fissent naitre. J'ai Vu des hommes puissants déterminés à vaincre les obstacles si nous étions assez méchants et assez ridicules pour qu'il y en eût: il s'agit de savoir si à cet égard votre Volonté est bien arrêtée: ce seroit un grand Plaisir pour moi d'aller vous Présenter mes homages, mais c'en seroit un plus grand de Vous Voir recevoir icy tous ceux des hommes que Vous avez charmés et instruits, de vous voir applaudir au spectacle, à l'académie, dans les places publiques et de Partager l'ivresse que Votre présence répandroit dans tous les lieux où les hommes sensibles pourroient se réunir. Il n'y en auroit Pas un qui le fût plus que moi à un événement que je désire avec tant d'ardeur. Adieu, Monsieur, agréez les remercîments de mde de Vaines et l'assurance de mon tendre et profond respect.