1776-03-29, de Michel Bouvard de Fourqueux à Voltaire [François Marie Arouet].

La première Lettre que j'ai eu, Monsieur, l'honneur de Recevoir de vous, est le premier fruit un peu doux que j'aie Recueïlli, depuis que je suis engagé dans cette Carrière pénible qu'on apelle parmi nous administration.
J'y suis entré Bien tard. J'avois aimé Longtems, Mais stérilement, cette bienfaisance dont vous nous avés donné des Leçons, Et des Exemples. J'aprens maintenant avec Regret combien il est facile d'aimer le bien, et difficile de le faire. Mr Turgot L'éprouve encore bien plus souvent que moy; si L'Etat actuel du païs de Gex me présente des occasions de seconder ses vuës, je vous prie de Compter sur mon zelle; et si par malheur le succès n'y Répond Pas toujours, Je vous prie encore de Pas croire que je sois coupable de négligence, ou de volonté trop foible, Et d'être persuadé que je n'ay pas pu faire ce que je désirois le plus.

L'ouvrage charmant que vous avés Bien voullu m'adresser m'est devenu plus prétieux depuis que je le tiens de vous mesme; Recevés mes Remerciemens, et L'assurance des sentimens. Respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'Etre Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur

de Fourqueux