1776-05-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis de Laus de Boissy.

Si j'ai l'honneur, monsieur, d'être votre confrère à Rome, je ne serais pas moins flatté de l'être à Paris.
J'ambitionne encore un titre plus flatteur, celui de votre ami. Vos lettres m'en ont inspiré le désir autant que vos ouvrages ont de droit à mon estime. Il est vrai que mon âge, mes maladies et ma retraite, ne me permettent guère de cultiver une liaison si flatteuse; mais souffrez que je cherche dans l'expression de mes sentiments pour vous une consolation qui m'est nécessaire. Je crois apercevoir dans tout ce que vous écrivez, quel est le charme de votre société. J'ai reçu un peu tard le présent charmant dont vous m'honorez; il n'y aurait qu'un Anacréon qui pût mériter une telle galanterie; il aurait chanté vos couplets, je puis à peine les lire et je n'ai d'Anacréon que la vieillesse.

J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, votre &c.

V.