1776-01-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Je reçois, monsieur, de tous côtés des nouvelles du pays de Gex, mais aucune de Paris.
Le pays de Gex m'instruit que le parlement de Dijon a enregistré nos lettres patentes avec des modifications; que tous les commis des bureaux sont partis, & que les fermiers généraux nous refusent du sel; mais comme il est impossible que depuis le 22 de décembre on ait eu le temps de faire sceller la déclaration du roï en cire jaune, de l'envoyer à Dijon & de la faire revenir de Dijon à Gex, je ne dois pas ajouter beaucoup de foi à tout ce qu'on écrit de ce pays ci.

On me mande aussi que deux personnages du pays ont comploté de m'empoisonner dans du vin de liqueur: je n'en bois point, & je ne me tiens pas pour empoisonnable.

Si vous avez, monsieur, quelque nouvelle un peu moins incertaine, je vous serai très obligé de m'en faire part. Pour moi je n'ai rien de m. Turgot, ni de m. De Trudaine, ni de leurs ayant-cause; je les crois tous plus occupés des affaires du royaume que de celles de notre souricière.

J'ai l'honneur d'être, &c.

Voltaire