1775-07-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Joseph Panckoucke.

On demande à Monsieur Pankouke à qui il faut s'adresser pour fournir tous les cartons nécessaires à l'édition de Genêve, et pour rendre enfin cette édition correcte et complette.
Mr Cramer en partant pour la Hollande n'a laissé aucune instruction.

On prie Monsieur Pankouke d'insèrer dans son journal cet article suivant.

A Neufchatel en Suisse 4e juillet 1775. Nôtre auguste souverain s'est informé d'un jeune gentilhomme français nommé D'Etallonde De Morival qui servait dans un de ses régiments en qualité de cadet. Il a sçu que ce jeune homme professait la religion catholique dans laquelle il est né, qu'il avait les mœurs les plus régulières, et qu'il emploiait à étudier les mathématiques tout le tems qui n'était pas destiné à ses devoirs. Il a sçu enfin que ce jeune homme si estimable était celui qui avait été condamné dans Abbeville à l'âge de quinze ans par des juges incompétents à mourir par un suplice horrible avec l'infortuné chevalier De La Barre. Aussitôt Sa Majesté a fait appeller Mr D'Etallonde auprès de lui, l'a fait Capitaine, l'a nommé son ingénieur, et lui a donné une pension. Cet acte de bienfesance et de justice a été aplaudi de l'Europe.

V.

Mille tendres respects à madame Suard.