Cassel ce 28 de Juin 1774
Monsieur,
Me Gallatin, Mlle sa fille, et Mr Mallet arrivèrent avanthier.
Vous pouvez vous imaginer de ma joye; Elle fut redoublée par la lettre que Me Gallatin m'a remise de Votre part. Que je reconnois bien le prix de Votre amitié et que ne suis-je toûjours à portée de vous assurer de la mienne de bouche? Quand viendra cet heureux jour où je pourrois Vous revoir? J'y pense continuellement, et j'espère encore une de ces années, quand Vous y penserez le moins, d'aller vous surprendre à Fernex. Quand viendra-t-il cet heureux jour, où je pourrai revoir un Ami que j'aime tendrement? Me Gallatin est un peu fatiguée du voyage; j'espère que le séjour des Bains de Geismar la remettra entièrement; nous y allons demain. Ma santé est assez bonne; les chagrins la dérangent quelquefois, mais quand l'on se dit dans le meilleur des mondes possibles, qu'il faut regarder d'un oeil indifférent et philosophique les choses, que l'on ne sauroit changer; on les surmonte, mais je l'avouë jamais au point, que celà ne fasse quelque impression sur le tempérament. Continuez-moy toûjours mon cher Ami Votre Amitié. Ecrivez moi quand cela ne Vous incommodera pas. Conservez Votre santé à laquelle personne ne s'intéresse plus que moi, et soyez bien persuadé de la tendre amitié et de la parfaite estime avec lesquels je serai toute ma vie, &c. &c.