au château de Ferney 14e juin 1774
Monsieur,
Vous me faittes suedois; c'est l'honneur le plus flatteur que je pusse recevoir; et je vous remercie du fonds de mon cœur de m'avoir naturalisé.
Il ne me manque que la force de venir à Stokolm jouïr de vos bontés et des droits que je tiens de vous. Accablé d'années et de maux, j'ai aumoins la consolation de penser que si j'étais à Stokolm je serais admis sous vos auspices dans le cabinet d'une Reine supérieure à Christine. Je prends la liberté de lui écrire et de la remercier. Il eût été plus honnête que je fusse venu prononcer un petit discours de réception, mais un malade de quatre vingts ans ne peut remplir aucun devoir. Mon cœur remplit tous les siens auprès de vous.
J'ai l'honneur d'être avec une reconnaissance respectueuse
Monsieur
De vôtre Excellence
Le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire