1761-01-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François Marmontel.

Après avoir été tant applaudi en vers à l'académie il faut que vous y soyez aplaudi en prose mon cher ami dans un beau discours de réception.
Vous fûtes d'abord mon disciple. Vous êtes devenu mon maître; il faut que vous soyez mon confrère. Il me semble que cette place vous est düe à plus d'un égard. Ce sera une récompense du mérite et une consolation de l'injustice que vous avez essuiée. Je ne regretterai Paris que le jour où je voudrais vous entendre et vous répondre. Je partagerai du moins tous vos succez du fonds de mes retraittes. Si ma plume pouvait suivre mon cœur, je vous en dirais davantage, mais ma mauvaise santé me force d'être court quand l'amitié voudrait me rendre bien long. Nous avons icy mr de Chimene votre confrère en poésie. Il me paraît n'avoir nulle envie d'être le Rodrigue de la Chimene que nous possédons. Sous le nom du père de Chimene mes respects à votre voisine.