à Cirey ce 27 jüillet [1738]
Votre lettre me fait plus de peine Monsieur que toutes les lésines de l'académie à mon Egard.
Ie vois que v͞s manquerés a l'espérance que v͞s m'auiés donné de v͞s posséder icy, mais moi ie n'y renonce pas si aisément. Ie ne cesserai de v͞s représenter que v͞s ne trouuerés nulle par vn payis, vne uie et i'ose dire des gens plus diférens de ceux que v͞s fuyés qu'icy. Cirey n'est point sur le chemin de Paris et ce n'est point en retournant à Paris qu'il y faut uenir, il faut y venir en y venant. Si v͞s ne v͞s y trouués pas bien c'est alors que v͞s irés dans les payis étrangers, mais v͞s n'en trouuerés aucun où l'on v͞s estime et l'on vous aime autant qu'à Cirey. V͞s deués cette marque d'amitié, et cette complaisance si c'en est vne, à mon amitié p͞r v͞s, et ie l'exige. Ie ne puis v͞s parler d'autre chose, ce n'est cependant pas que ie n'aie bien des choses à v͞s dire, mais ie ne serai à mon aise que quand ie serai sûre de v͞s voir.
I'ay demandé de n'être point nomée dans l'imprimé. Ie ne sais si ie l'obtiendrai. Il me tarde que v͞s ayés uu mon mémoire, mais par où v͞s l'enuoyer? Venés le lire icy et y joüir de la société des gens qui v͞s admirent et qui v͞s aiment.