à Cirey ce 18 jüillet [1736]

J'ay été bien longtems monsieur sans v͞s escrire.
I'ay respecté vos occupations mais je ne veux pas non plus v͞s laisser oublier entièrement Emilie et Cirey. I'espère toujours que l'envie de voir votre ami v͞s y Conduira quelque jour. Il y est enfin de retour. V͞s aués su sans doutte tout ce qu'il a essuié de du Moulin et de Jore. Ce dernier est bien indigne de la protection don v͞s l'honoriés. Enfin i'espère qu’à présent on le laissera tranquille.

Voyés v͞s quelque fois m. Deformont, ce philosophe des grâces? Ie v͞s prie de parler quelquefois de moy ensemble.

Ie me suis emparée d'une petite pièce que votre ami a fait dans sa chaise de poste en reuenant icy. Ie veux auoir le plaisir de v͞s l'enuoyer. Ie v͞s prie d'en faire part à m. de Formont. I'attens de ses nouuelles auec impatience. I'ay bien des choses à lui mander, mais ie ne veux pas l'acabler de mes lettres. Adieu monsieur, soyés certain que parmi les gens qui ont l'honneur de v͞s connoitre il n'i en a point qui ait p͞r v͞s vne estime plus véritable que l'inconnuë

Emilie