Ce 3 auguste [1771]
Il est bien juste, monsieur, que le citoyen de Calais soit citoyen de l’Académie.
Il sera beau que, dans notre corps, l’homme de lettres succède au prince du sang, et que celui qui a si bien chanté nos héros remplace celui qui a marché surleurs traces. Je ne puis de si loin joindre que mes vœux à ceux de mes confrères; mais vous devez être sûr de mes désirs autant que de leurs voix. Si l’Académie est la récompense des talents, quel homme en est plus digne que vous? C’est avec la plus grande joie que j’apprends le choix qu’on va faire de vous. J’ai été un des premiers qui ait applaudi à votre mérite, et je ne serai pas assurément un des derniers à reconnaître la justice qu’on vous rend. J’espère donc, dans un mois, faire mon compliment à mon cher confrère.
Agréez, en attendant, les très sincères et tendres sentiments de votre, etc.
Le vieux malade et le vieil aveugle de Ferney