du 3e fév: 1767, à Ferney
Sire,
Ma respectueuse reconnaissance n'a osé passer les bornes de deux lignes quand j'ai remercié vôtre Majesté de ses bienfaits envers la famille des Sirven qui lui devra bientôt son honneur et sa fortune.
Mais le bien que vous faittes à l'humanité entière en établissant une sage Tolérance en Pologne me donne un peu plus de hardiesse. Il s'agit icy du genre humain. Vous en êtes le bienfaicteur, Sire; vous pardonnerez donc au bon vieillard Siméon de s'écrier, Je mourrai en paix puisque j'au vu les jours du Salut. Le vrai salut est la bienfesance.
J'ai lu deux discours de vôtre Majesté à la diète qui sont de cette éloquence qui n'apartient qu'aux grandes âmes. Made De Geoffrin est bienheureuse. Les vieillards de Saba en feraient autant de leur reine s'ils n'avaient que leur vieillesse à surmonter, mais la caducité jointe à la maladie ne laisse de libre que le cœur. Permettez, sire, que ce cœur pénétré de vos vertus et de vôtre sagesse se mette à vos pieds pour sa consolation.
Je suis avec le plus profond respect.