au château de Ferney 4 févr. 1767
Sire,
La lettre dont votre majesté m'a honoré, m'a fait répandre des larmes de tendresse et de joie.
Votre majesté donne de bonne heure de grands exemples. Ses bienfaits pénètrent dans des pays presque ignorés du reste du monde. Elle se fait de nouveaux sujets de tous ceux qui entendent parler de sa générosité bienfaisante. C'est dans le nord qu'il faudra voyager pour apprendre à penser et à sentir. Si ma caducité et mes maladies me permettaient de suivre les mouvements de mon cœur je viendrais me jeter aux pieds de votre majesté.
Du temps que j'avais de l'imagination, sire, je n'aurais fait que trop de vers pour répondre à votre charmante prose. Pardonnez aux efforts mourants d'un homme qui ne peut plus exprimer l'étendue des sentiments que vos bontés font naître en lui. Je souhaite à votre majesté autant de bonheur qu'elle aura de véritable gloire.
J'ai l'honneur d'être avec un très profond respect
sire,
de votre majesté
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire