1773-10-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence.

Quelquefois l’octogénaire malade, est bien éxcusable dans sa négligence à répondre.
Quelquefois aussi il a un moment de relâche, et alors il saisit cet instant pour remercier Monsieur Le Marquis D’Argence, et pour le bien assurer qu’il mourra plein de tendresse pour lui.

Si Monsieur De Sauvigny, premier Président du parlement de Paris, n’avait pas interrogé lui même deux coquins de la bande Jonquay, jamais Mr Le Comte de Morangiés n’aurait gagné son procez tant la faction de ces fripons était devenue puissante, tant ils avaient fasciné les yeux des juges. Monsieur Le Marquis D’Argence qui est aussi sage que rempli de bonté pour moi, fait une très belle action en publiant sa Lettre, et en fait une très prudente en la répandant sobrement. Le vieux malade le suplie d’agréer ses tendres respects.

V.