31e juillet 1773, à Ferney
On ne peut être, Monsieur, plus sensible que je le suis, au mérite de vôtre ouvrage, à celui d’un travail si long et si pénible, et à la bonté que vous avez eue de m’en faire part.
Je vois que vous avez déterré trente mille pièces de théâtre, sans compter celles qui paraîtront et disparaîtront, avant que vôtre ouvrage soit achevé d’imprimer. Vôtre livre sera également utile aux amateurs des anciens et des modernes. On dira peut être que parmi environ quarante mille ouvrages dramatiques, il n’y en a pas cent de véritablement bons, mais il faut que le bon soit ràre. Peut être dans quarante mille tableaux n’y a t-il pas plus de cent chefs d’œuvre.
Quoi qu’il en soit, vous rendez service aux Lettres, et je vous en remercie de tout mon cœur en mon particulier.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, Vôtre très humble, et très obéissant serviteur
Voltaire