1773-03-31, de Louis François Armand Du Plessis, duc de Richelieu à Voltaire [François Marie Arouet].

J’ai reçu mon cher Voltair vos letres et vos plaintes de Valade que mr de Sartine ne prent point aussi sérieusement que vous, mais quand il Vera la vérité toute nue et combien ce brigandag littéraire est punissable il vous donera sûrement la satisfaction qui est dûe à un home aussi illustre que vous mon cher Voltair et qui prent aussi vivement un méfait qui mérite certainement punition du plus au moins, et qui est dans ce cas du beaucoup de la part d’un libraire vis à vis de quellqun qui a procuré tant de fortune à ceux de son espèce.
Je ne me rebutré point que vous ne soyes content.

L’épitre dédicatoire est trop flateuse pour moy pour que je la puisse louer ni avouer d’autre sentiment que celui de la sensibilité aux marque d’amitié qui en mérite tant. J’en ai eu d’un autre genre en lisant la copie de votre lettre à Dargental. Elle me fairoit mourir de douleur si j’en avois mérité une pareille, mais ses sentiments sont aussi plaisants que sa contenance. Il vous aime assurément audessus de tout mais je ne répondroits pas que ce soit votre persone indépendament de vos vers qui le font pleurer et gaster come vous le voyés par le mélange incroyable des siens et que je croiroits sans la letre que vous lui écrivés. J’ai admiré la pièce sans en pleurer come lui, mais ce qui m’a touché beaucoup c’est l’édification de votre prétendue agonie et avec quel majesté de détaill vous entrés pour rendre conte de la cérémonie de la Brûlure de Jean Hus et Gerome de Prague et poussés le scrupule de l’exactitude des diférens auteurs qui conté le nombre et l’espèce des assistants. Tout cela m’a rassuré autant que la parole que vous me réitérés du rendés vous que je voits bien que vous serés en état d’exécuter et quelle joye ne sera pas la mien de me retrouver avec vous si cela peut ariver. En atendant on faira voir à Bordaux les loix de Minos puisque vous le permetés et vous serés sûrement content du succès qu’elles y auront. Je Verés après pasques à les faire venir à la cour puisque vous l’aprouvés et je ne sai pas pourquoi vous ne voudrés pas qu’elles parussent à la ville toute de. Vous me donerés sur cela vos ordres et je vous demende sur tout des nouvelles de votre santé.