J’ai remits à mr de Rochefort votre letre mon cher Voltair, je croits qu’il vous en instruira lui même.
J’ai lu votre factum pour la défence de mr de Morangis qui est un chef d’oeuvre de conjecture et qui est arivé dans le moment que votre client Venoit d’estre décrété et emprisoné, ce qui mériteroit bien un postscriptum. Mais je m’intéresse bien daventage à ce que voudroit bien me dire votre médecin, car l’abitude où je suis depuits cinquante ans de vous voir tourner en plaisantrie des maux qui étoient très réeles me fait craindre que vous ne poussiés à la fin la plaisantrie trop loin car vous me parlés de plusieurs accès de fiêvre et je ne vous en ai jamais vu que celle de Lyons et seroits très fâché de vous en voir d’autres. C’est sur quoi je demende éclaircissements et détaills, come je vous exorte à ne vous point apesantir sur ceux de Valade et de le Kain. Mr de Rochefort a peur que vous ne le soupsoniés d’avoir parlé ou écrit à [ . . . ]. Je puits vous certifier que c’est moy qui l’ai instruit come je l’avoits été de mr de Sartine. Tout cela ne vaut pas la peine du papier, où je ne veuts trouver que des nouvelles de votre santé.
à Versailles ce 19 mars 1773