1er fév: 1773
A mon secours les philosophes! Vous savez, Monsieur, dans quel esprit j’avais fait les loix de Minos.
Celà m’avait coûté des peines infinies, car j’avais mis près de huit jours à faire cette pièce, et j’en mettrais prèsque autant à la corriger. Voilà tout d’un coup qu’un Comédien, ou un soufleur, ou un ouvreur de loges, qui barbouille cette Tragédie de vers de sa façon, qui suprime ce que j’ai fait de plus passable, qui gâte le reste, et qui vend le tout à un faquin de libraire nommé Valade. Le maraut imprime et débite hardiment la pièce sous mon nom, sans aprobation, sans privilège. Ce brigandage est digne du tripot de la Comédie et de tous les petits tripots qui partagent vôtre ville.
Pouriez vous en dire, ou faire dire un mot à Monsieur De Sartine?
L’avocat Belleguier me mande de Grenoble qu’il ne sait comment vous envoier sa diatribe. Aiez la bonté de lui donner une adresse, et mettez un C au bas de vos Lettres, de peur de méprise. Allons, combattons jusqu’au dernier soupir.
V.