1773-02-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Louis Lekain.

Mon cher ami, vous savez le tour qu’on vous a joué.
Je comptais que vous pouriez tirer quelque avantage de l’édition qu’on ferait à Paris des loix de Minos. Vous pouriez vous informer quel est le fripon qui a vendu au Libraire Valade une copie très informe et très mauvaise de cet ouvrage que vous auriez fait valoir. On vous vole vôtre bien. Cette détestable pièce n’a ni privilège ni approbation. Mr De Sartine doit punir ce larcin. Vous pouriez lui en parler et lui demander justice; le plutôt serait le mieux; il ne vous la refusera pas.

Il est surtout très important de savoir quel est le censeur roial qui a donné une permission tacite à Valade, à l’insçu de mr De Sartines. Cette permission tacite était celle de vous voler dans vôtre poche. Je ne doute pas que vous ne fassiez toutes les diligences possibles pour découvrir la vérité et pour obtenir justice.

Bonsoir mon cher ami, je vous embrasse de tout mon cœur.

V.