à Ferney 14 x^be 1772

Très aimable et très cher secrétaire, on est toujours fort mal informé vers le mont Jura des grandes affaires de la capitale.
Je ne savais pas que m. Suard succède à l’ami Thiriot dans la correspondance prussienne. Peut-être même n’en est il rien. Mais supposé que cela soit, j’en suis fort aise, je lui en fais mes compliments, je retire mes sollicitations. Il serait bien à souhaiter qu’on trouvât quelque chose pour la Harpe, qui est et qui sera un véritable homme de lettres.

Vous ai-je mandé qu’on avait trouvé un rhinocéros pétrifié en Siberie? Les Russes en concluent que ce pays était autrefois la patrie des rhinocéros et des éléphants. J’y consens, pourvu que cette patrie ne soit pas la mienne; mais le mont Jura ne vaut guère mieux pendant l’hiver.

Pardon de vous avoir importuné deux fois inutilement.

Mad^e Denis, qui a été assez mal, vous fait tout comme moi les compliments les plus tendres; et ce ne sont point des compliments.

V.