1772-10-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Joachim de Pierres, cardinal de Bernis.

Monseigneur,

Mr Le Marquis De Condorcet, et Mr D’Alembert, m’ont appris ce que c’était que cet abbé Pinzo et son impertinente Lettre.
Mais certainement celui qui l’a envoiée au Pape est encor plus impertinent. Il faut être enragé pour l’avoir écrite, et enragé pour l’avoir envoiée. Il ne faudrait pas être moins enragé pour me l’attribuer. Je vous demande pardon de vous avoir importuné de cette sottise; mais qu’on soit Roi ou Pape les choses personnelles sont toujous sensibles. Je m’en suis aperçu quelquefois, et nôtre Résident de Genêve, m’avait dit qu’il était important d’aller au devant de cette calomnie. Si cette imposture a eu quelque suite, je vous demande instamment vôtre protection. Si elle est ignorée, je vous demande bien pardon de tant d’importunité.

J’ai l’honneur d’être avec l’attachement le plus respectueux et le plus inviolable

Monseigneur

De Vôtre Eminence

Le très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire