1772-05-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

Ma foi, mon cher ami, je ne me souviens plus de ce que j’ai écrit à Mr de Laharpe au courant de la plume.
Il faudra que je lise le mercure pour savoir ce que je pense. Je suis bien sûr d’avoir pensé que vôtre traduction de Pindare doit vous faire un très grand honneur. C’est un ouvrage que très peu de gens de Lettres sont à portée de faire.

Je m’imagine d’ailleurs, qu’il n’y avait pas moins de tracasseries, et moins de cabales dans Athenes que dans Paris. Il est vrai que je vois les choses de si loin que je les vois mal. Cependant, je crois voir clairement qu’à la première occasion, vous serez mon confrère ou mon successeur.

Quand j’ai du chagrin je m’amuse à faire des contes. Madame D’Argental a une bégueule. Elle vous en fera part d’autant plus volontiers qu’elle est autant le contraire d’une bégueule que vous êtes le contraire d’un pédant.

Le vieux malade de Ferney vous embrasses de tout son cœur. Made Denis en fait autant.