1772-02-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Le vieux malade, Monsieur, avait toujours pensé que Mr Le Duc Daiguillon était surintendant des postes, et il ne l’est point.
On me mande que Mr D’Ogni aura la plus grande influence dans cette affaire. Il me semble qu’un mémoire envoié par Mr L’intendant serait bien nécessaire dans ces circonstances. Je ne doute pas que Mr Joly de Fleuri ne soit convaincu de vos raisons, et ne les fasse valoir dans le conseil. Il me semble que la poste serait mieux à Meyrin que par tout ailleurs, puisque c’est le chemin du courier, et que Meyrin est au milieu de païs. Cet endroit est d’autant plus convenable qu’il y a une brigade établie.

Nôtre grand malheur est que la petite fourmillière de Genêve a pour agent dans Paris un homme à qui ses richesses, son esprit et ses amis, donnent une très grande considération; et que nous n’avons personne qui nous soutienne. Ce petit coin de terre est entièrement abandonné, il a même été longtems ignoré, et j’ai vu un maréchal de France qui ne savait pas que le païs de Gex fût en France.

Je ne vois encor une fois que Mr De Fleuri qu’on puisse opposer à Monsr Necker. Peut être cette affaire ne sera décidée que quand Mr le Duc d’Aiguillon aura la Surintendance des postes.

Si Monsieur Fabri avait le tems de venir causer un moment avec le vieux malade il lui expliquerait plus au long ses sentiments. Vous ne doutez pas, Monsieur, de ceux avec lesquels ce vieux bonhomme vous est dévoué pour le reste de sa vie.