7 Janv: 1760
J'ai toujours eu, Monsieur, beaucoup d'estime pour toute vôtre famille, et je vois que vous n'avez pas dégénéré.
C'est un grand chagrin pour moi, dans la retraitte où j'achève ma vie, de ne pouvoir être aussi utile que je le voudrais à un jeune homme de vôtre mérite; s'il se présente quelque occasion de vous marquer l'envie extréme que j'ai de vous être utile à quelque chose, je ne la laisserai pas échapper; et peut être cette année vous en serez convaincu.
Je me flatte que votre recueil D. contient des pièces plus intéressantes, et mieux faittes, que l'abominable rapsodie qui vous a paru si indigne de vôtre presse, et qui a l'air d'être faitte par le Laquais d'un gredin; vous me feriez plaisir, Monsieur, de m'envoyer vôtre recueil; vous n'avez qu'à le faire remettre à la grande poste, à mon adresse: A Mr De Voltaire, gentilhomme ordianire du Roy, dans son château de Tourney, païs de Gex, par Genêve, et par dessus cette adresse, à Mr Bouret, fermier géne al, intendant des postes à Paris.
Je vous prie, Monsieur, de faire mes compliments à Mr vôtre père, et de me croire très véritablement vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire