à Toulouse le 27 9bre 1771
Monsieur,
Je vous dois la vie, et plus que cela le rétablissement de mon honneur, et de ma réputation.
Le parlement me jugea avant hier. Il a purgé la mémoire de feu mon épouse et nous a relaxés de l’indigne accusation imaginée par les fanatiques Castrois, m’a accordé la main levée des biens et effets saisis, avec restitution des fruits, et m’a accordé les dépens. On ne m’a pas donné de dommages parce qu’on a cru qu’un certain règlement du parlement de 1747 y faisoit obstacle, et que je n’avois pas pris à partie les officiers de Masamet. Mes Filles pourront user de cette voye que je n’ai pas prise dans la crainte de rendre mon procès injugeable. Vôtre nom Monsieur, et l’intérêt que vous preniés à ma cause ont été d’un grand poids. Vous m’aviés jugé et Le public instruit n’a pas osé penser autrement que vous, en éclairant les hommes vous êtes parvenu à les rendre humains. Je partirai incessamment pour aller chercher mes filles, et pour vous témoigner tout ce que je vous dois. M. le premier président vous écrit, je lui ai de grandes obligations: j’aurai encore besoin de lui pour mes filles, et je suis persuadé qu’en lui répondant de choses flatuses pour ce parlement vous le disposerés à les traitter encore plus favorablement lors qu’elles viendront se faire juger.
Recevés avec vôtre bonté ordinaire les assurances du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Sirven