1770-12-15, de Christian VII, king of Denmark à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur de Voltaire toujours poli et plein d’esprit je sais bien à quoi je dois ce que sa lettre contient de flatteur pour moi.
Je dois à sa politesse ce qu’il mérite de ma part et de tout le public par une longue suite de ses actions. Vous réussissez à faire des heureux en éclairant les hommes et leur aprenant de penser librement. Je suis moins heureux; avec la meilleure volonté du monde et le pouvoir d’un souverain je n’ai pas encor pû parvenir à lever les obstacles qui s’opposent à rendre la liberté civile à la plus grande portion de mes sujets. Vous vous occupez présentement à délivrer un nombre considérable des hommes du joug des ecclésiastiques, le plus dur de tous parce que les devoirs de la société ne sont connus que de la tête de ces Messieurs et jamais senti de leur cœur; ceci vaut bien: se venger des barbares. Je suis avec beaucoup d’estime vôtre affectionné

Christian